Gélinotte

Espèce protégée considérée comme vulnérable.


Gélinotte des bois Gélinotte des bois, Bonasa bonasia Linnaeus

Description générale

Petit tétraonidé très discret des forêts de montagne, la gélinotte des bois évolue souvent en syntopie avec le grand tétras dans le Jura. Elle occupe cependant des stades d'évolution de la forêt différents, c'est pourquoi la planification des mesures pour ces deux espèces doit être finement coordonnée.

Identification

La Gélinotte des bois est le plus petit Tétraonidé d'Europe, sa taille est semblable à celle d'une perdrix. Le dessus de l'oiseau est grisâtre, très taché et barré de noir et de brun ; le dessous est blanchâtre tacheté de brun ; la tête est surmontée d'une crête érectile. Lors de l'envol notamment, la gélinotte est reconnaissable à sa queue grise bordée de noir et de blanc. La gorge est noire chez le mâle, blanchâtre chez la femelle. Le mâle possède un sourcil rouge.

Espèces semblables

La gélinotte peut être confondue avec les femelles du grand tétras et du tétras lyre, dont elle se distingue par sa petite taille. Elle peut aussi être confondue avec la bécasse des bois, dont le long bec permet de faire la distinction.

Habitat

Macrohabitat :

La gélinotte est strictement forestière et totalement dépendante du mode d'exploitation sylvicole (Blattner & Perrenoud, 2001). Elle occupe de vastes massifs, dans des vieilles forêts avec des petites zones de rajeunissement, des jeunes forêts hétérogènes ou des pâturages fortement embuissonnés. L'élément essentiel est la mixité des structures à l'intérieur de son territoire et non des associations végétales particulières. Une mosaïque de structures avec une maille de 1 à 30 ares est considérée comme un élément déterminant et indispensable pour garantir un taux de survie suffisamment élevé (Montadert, 2005).

Microhabitat :

Des surfaces aux strates buissonnantes et arbustives bien développées sont essentielles comme protection contre les prédateurs : semis, perchis ou arbres de futaie à branches basses. De même de petites surfaces ouvertes, à strate herbacée bien développée sont également indispensables, notamment pour l'élevage des jeunes dont le régime alimentaire est composé exclusivement d'insectes. L'hétérogénéité du peuplement permet la coexistence de ces structures contradictoires. Ces conditions se trouvent notamment dans les premiers stades de colonisation de la forêt, les lisières étagées, les clairières et les couloirs d'avalanches, qui sont ainsi très recherchés. La couverture neigeuse permet à la gélinotte de se protéger du froid et des prédateurs en se constituant des igloos. Les bourgeons des essences à bois tendre, telles que les sureaux, les sorbiers, les noisetiers, les saules, etc. constituent l'unique source de nourriture lorsque la neige recouvre le sol et sont donc essentiels. Les fruits des arbustes et arbrisseaux tels que myrtillers, framboisiers, églantiers, aubépines, etc. sont consommés en période automnale.

Structure des populations:

Le rayon d'action d'un couple de gélinotte se situe entre 30 et 80 ha. Avec une dispersion des jeunes estimée entre 1 et 2 km, la gélinotte est sensible à l'isolation de ses habitats, qui ne devraient pas être situés à plus de 2 km l'un de l'autre (Rehsteiner U., Spaar R. & Zbinden N. 2004). Dans le canton de Neuchâtel, les massifs forestiers favorables montrent une densité moyenne de 3,5 territoires (mâle+femelle ou mâle solitaire) par km2 (Santiago et al. 2003).

Statut

Liste Rouge Française
Liste Rouge Suisse (Keller, et al. 2001): VU (menacé) L'espèce est classée en catégorie B1 par Bollmann et al. (2001) : espèce menacée en Suisse, avec des effectifs importants en comparaison internationale. La gélinotte est strictement protégée, selon la Convention de Berne (annexe 3).

Menaces

Généralités

La gélinotte est essentiellement dépendante du mode d'exploitation des forêts. D'après Blattner et Perrenoud (2001), la diminution des effectifs sur le Plateau et dans le Jura est essentiellement due au passage au régime sylvicole de la haute futaie, qui a supplanté les autres modes d'exploitation au cours du siècle (taillis, taillis sous futaie).

Effets liés à la sylviculture :

  • diminution des surfaces en rajeunissement au profit de futaies régulières
  • diminution des clairières et assombrissement des peuplements
  • essartage des pâturages, rétrécissement des zones de transition entre forêt et pâturage
  • isolation des populations
  • élimination des essences pionnières et des arbustes à baies

Autres impacts humains

Les activités de loisir intenses en forêt constituent également une menace, principalement en hiver. Dérangement par fréquentation touristique excessive, notamment les chiens non tenus en laisse en période de reproduction.