Hermine

Espèce protégée par l'arrêté ministériel du 29 avril 2008.


Description

L'hermine fait partie de la famille des mustélidés.

hermine

De taille intermédiaire entre la belette et la martre, l'ensemble tête-corps du mâle varie entre 22,5 et 28 cm et la queue entre 10 et 12,5 cm ; alors que l'ensemble tête-corps de la femelle varie entre 21,5 et 24,5 cm et la queue entre 8 et 11 cm. Ainsi, en moyenne, le mâle est 5 cm plus long que la femelle. Il pèse aussi moitié plus que la femelle : le poids du mâle varie entre 160 et 310 g ; celui de la femelle entre 100 et 180 g.

A noter cependant que dans les Alpes, au dessus de la limite supérieure des arbres, dans ce que l'on appelle la "toundra alpine", on rencontre souvent une forme naine de l'espèce, ne dépassant guère 20 cm queue comprise (taille de la belette). Par ailleurs, à l'inverse de la belette, l'hermine est plus petite à mesure que l'on se dirige vers le sud de son aire de répartition.

L'hermine possède un corps souple, mince et cylindrique, de courtes pattes, des oreilles arrondies et peu saillantes. En bref, cet animal est parfaitement adapté pour chasser les rongeurs dans leurs galeries grâce à son corps vermiforme.

Le pelage de l'hermine varie du beige fauve au brun clair, parfois un peu rosé (d'où son nom de "roselet" dans certaines régions). Le menton, la gorge, le bas des joues, tout le ventre, la partie intérieure des pattes et les doigts sont blancs jaunâtres. En montagne, l'hermine devient entièrement blanche, hormis le bout de la queue qui reste noir. Dans des régions de moyenne montagne comme le Jura, des mues incomplètes sont observées lors d'hivers doux. Au contraire, en plaine, les hermines restent de couleur brune.

En montagne donc, on observe deux mues annuelles, induites par le photopériodisme (soleil), donc par la latitude. La mue automnale peut être rapide par temps froid (70 heures) ou beaucoup plus longue par température plus douce (une vingtaine de jours). Dans les Alpes, les hermines muent en général fin octobre - début novembre. La mue de printemps, beaucoup plus stable dans la durée, s'effectue sur un mois environ. Généralement, elle a lieu en avril en montagne.

Souvent confondue avec la belette, l'hermine s'en distingue donc par sa taille supérieure, par son poids supérieur de trois fois, par sa queue dont le tiers terminal reste noir toute l'année, par l'absence de tache foncée dans la partie claire de la joue, ainsi que par la ligne de démarcation entre le dos et le ventre : rectiligne chez l'hermine ; sinueuse chez la belette. L'hermine, mâle ou femelle, possède des glandes anales, utilisées pour marquer son territoire ou communiquer. Leur sécrétion a une forte odeur, proche de celle de l'ail, que l'on perçoit lorsque l'animal est stressé. C'est aussi en cas de stress que l'on entend l'animal pousser des cris : gloussements, jappements, crachotements...

La longévité potentielle de l'espèce est d'environ 8 ans. Cependant, l'espérance de vie moyenne d'une hermine à l'âge de l'émancipation est de 1,4 an pour les mâles et 1,1 an pour les femelles (Erlinge). Par ailleurs, les individus les plus vieux d'une population suivie par l'auteur précédent n'étaient âgés que de 3,5 ans pour les femelles et 4,5 ans pour les mâles. Si les conditions climatiques ne sont pas un facteur limitant (nourritures et gîtes abondants même en montagne), les effectifs présentent par contre des fluctuations cycliques et régulières, dont l'amplitude et la période dépendent du cycle de sa principale proie : le campagnol terrestre. Les courbes de variation des effectifs des deux espèces se suivent parfaitement avec un décalage d'un an. Le rythme de ces fluctuations varie entre 4 et 9 ans. L'amplitude est surtout très élevée : le rapport est de 1 à 7, voire plus !

La compétition alimentaire existe avec la belette mais surtout avec le renard. Chez les oiseaux, les principaux prédateurs de l'hermine sont l'aigle royal, le grand-duc d'Europe et dans une moindre mesure, les chouettes effraie et hulotte. Chez les mammifères, le renard et les chats domestique, haret et sauvage sont les plus dangereux.

Mode de vie

L'hermine se gîte dans un tas de pierres ou de branchages, dans un vieux mur, un trou dans le sol, une souche creuse et surtout les tanières de ses proies...

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Elle s'en sert pour élever ses jeunes bien sûr, mais aussi pour se reposer et stocker de la nourriture.

En milieu semi-ouvert, l'hermine circule en longeant les obstacles de son domaine : haies, murs, fossés, talus, lisières. Par contre, en milieu ouvert, elle chemine au hasard. L'hermine se déplace très rapidement par séries de bonds. Elle peut même réaliser de grands sauts. Bonne nageuse et bonne grimpeuse, elle monte parfois le long des piquets d'alpage pour scruter les environs. Couramment, elle se dresse verticalement (position dite "en chandelier") pour observer son domaine.

Si l'hermine est un des mustélidés les plus facilement observables, c'est qu'elle est aussi bien diurne que nocturne.

En été, elle est même strictement diurne. Son rythme d'activité est caractérisé par une alternance de phases de repos et de phases de chasse (10 à 45 minutes). A la belle saison, l'animal est actif une dizaine d'heures par jour (8 à 11 heures et 17 à 20 heures notamment), dont la moitié est consacrée à la chasse.

Lorsqu'elle est active, la surface de son corps (tout en longueur) exposée au refroidissement est plus importante qu'un animal de forme arrondie et de poids équivalent. De ce fait, pour réduire ses dépenses énergétiques en hiver, l'hermine n'est active (chasse) qu'une heure par jour seulement à la mauvaise saison. Elle est de plus essentiellement nocturne. Elle passe alors la plus grande partie de son temps sous la couche de neige, se reposant dans son nid ou dans une galerie de campagnol. Par ailleurs, lorsque les températures descendent en dessous de -13°C, l'hermine stoppe son activité pendant 6 à 10 jours (Kraft).

L'hermine est un animal territorial, qui délimite fortement son territoire (voir paragraphe suivant). A l'intérieur de leurs domaines vitaux, les mâles parcourent 375 à 1350 m par jour. En cas de surpopulation ou de manque de nourriture, des déplacements d'erratisme peuvent être effectués. En 7 mois, une hermine a ainsi parcouru 51 km ! (Burns).

Biotope et domaine vital

Bien qu'utilisant des biotopes variés, l'hermine est plus exigeante que la belette dans le choix de ses habitats. Biotope typique de l'hermine en montagne : éboulis et pelouses alpines.

La forêt claire, le bocage, les rives sauvages des lacs, marais et ruisseaux, sont des milieux qu'elle apprécie particulièrement.

Dans les massifs montagneux (Alpes, Pyrénées, Massif Central, Jura et Vosges), les substrats rocheux (pierriers et éboulis surtout) sont des habitats recherchés, ainsi que les milieux ouverts tels que les landes et pelouses alpines ou subalpines, au dessus de la limite supérieure des arbres. Ces biotopes formant la "toundra alpine" sont fortement colonisés par l'espèce qui y trouvent proies et gîtes en nombre. Elle peut ainsi être observée jusqu'à 3000 mètres d'altitude dans les Alpes : dans les Hautes-Alpes, l'observation la plus élevée de l'espèce a été effectuée au col du Temple, à 3322 mètres d'altitude.

La forêt dense au contraire est rarement fréquentée, ainsi que les zones de cultures dépourvues de haies.

Par ailleurs, elle est souvent présente à proximité des habitations rurales, notamment des chalets et des cabanes d'altitude qui constituent des refuges hivernaux relativement réguliers.

L'hermine délimite son territoire par des marquages olfactifs (urine, crotte, musc) et le défend contre l'intrusion de ses congénères étrangers. Les mâles possèdent un territoire 3 à 4 fois supérieurs à celui des femelles. Ils tolèrent le territoire de plusieurs femelles au sein de leur territoire.

Le domaine vital, au sein duquel l'animal se déplace et recherche sa nourriture, est beaucoup plus étendu que le territoire et n'est pas défendu. La taille du domaine vital varie en fonction du sexe de l'animal, des saisons, du biotope et de la quantité de nourriture disponible. Les domaines vitaux des mâles seraient compris entre 8 et et 40 ha , 1 à 7 ha pour les femelles (Debrot).

Dans les Alpes et le Jura, la densité serait comprise entre 1 et 9 bêtes / km² (Mermod, 1988).

Nourriture et technique de chasse

L'hermine est un prédateur spécialiste, à l'inverse du renard ou de la martre qui sont des carnivores généralistes. En effet, le base de son alimentation est constituée de micro-rongeurs.

Sa préférence va pour le campagnol terrestre (en plaine surtout) et le campagnol des neiges (en montagne). Lors du déclin de ces proies, l'hermine peut se rabattre sur des passereaux, des gallinacés et leurs œufs, des lapins de garenne, de jeunes lièvres, des poissons, des lézards, des grenouilles, des insectes, des escargots, des vers de terre ou des fruits.

Tous les jours, l'hermine consomme la moitié de son poids en viande. Ses besoins journaliers sont estimés entre 0,4 et 0,6 kcal / g de poids corporels. Son métabolisme basal, très élevé, est deux à trois fois supérieurs à celui des autres mammifères. En moyenne, elle prend un repas de 5 à 10 mn, toutes les 4 heures.

L'hermine ne chasse pas à l'affût. Elle explore de manière intensive les secteurs de son domaine riche en proies, en explorant systématiquement toutes les cavités ou galeries qu'elle rencontre, dans l'espoir de débusquer un rongeur et de le pourchasser ensuite dans sa galerie. Sa morphologie lui permet de se faufiler dans des trous de 3,5 cm de diamètre. Plus fine que le mâle, la femelle est beaucoup plus efficace dans la capture de ces petits rongeurs. En hiver, elle chasse sous la couche de neige. Pendant la chasse, l'hermine utilise principalement son odorat, notamment lorsqu'elle suit les campagnols jusque dans leurs galeries. Mais c'est davantage la vue et l'ouïe qui interviennent lors de la capture proprement dite.

Elle passe beaucoup plus de temps à rechercher ses proies qu'à les capturer. La mise à mort est très rapide : l'hermine saisit sa victime au niveau de la nuque et lui porte une morsure profonde et mortelle dans le cerveau postérieur ou les vertèbres cervicales. Sa proie tuée, l'hermine la transporte dans sa gueule pour la manger dans son nid ou la cacher dans son gîte. Le stockage des proies est très courant chez l'espèce. Par ailleurs, la consommation n'est pas totale : l'hermine laisse généralement le bout des pattes, la queue, la peau et le tube digestif.

Reproduction

Le rut a lieu de mai à fin juillet. Tolérant plusieurs femelles au sein de leur territoire, les mâles sont polygames. Les femelles adultes présentent un œstrus post partum, c'est-à-dire qu'elles sont fécondées juste après la naissance des jeunes, en pleine période de lactation. L'ovulation serait induite par le coït. A l'instar du blaireau, l'ovule se développe jusqu'au stade de blastocyte, puis la segmentation est stoppée. Ce blastocyte reste libre dans la cavité utérine pendant 9 à 10 mois, avant de s'implanter. La nidation s'effectue donc en mars-avril de l'année suivante. L'embryon se développe alors rapidement en 4 semaines.

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Les mises bas ont généralement lieu en avril-mai, mais il existe des naissances tardives. Les jeunes naissent alors dans les meilleures conditions pour leur développement. Le gîte de mise bas est très varié. Mais généralement, il s'agit d'une galerie d'une de ses proies. Le nid, assez sommaire, est constitué de feuilles, d'herbes sèches et de poils de ses victimes. Très sensible au dérangement, la femelle déplace sa portée dès que le nid est perturbé.

Le nombre de jeunes à la naissance dépend essentiellement de la quantité de nourriture disponible. Il varie entre 2 et 18, avec une moyenne de 8-9. La mortalité au nid étant très importante, le nombre moyen de petits à l'émancipation n'est plus que de 4. De la taille d'un doigt, le nouveau-né pèse 2 à 3 grammes pour 5 cm de long. Il est aveugle à la naissance. A deux semaines, le jeune pèse entre 8 et 22 g ; à un mois, il pèse entre 21 et 45 g. A un mois, le bébé hermine commence à se nourrir de viande. Il ouvre les yeux entre la cinquième et la sixième semaine et sort pour la première fois hors du nid entre la septième et la huitième semaine, soit en juin ou juillet.

La femelle élève seule ses petits. Jusqu'à l'âge de 2-3 mois, les jeunes hermines sont capables de rester en semi-léthargie par des températures inférieures à 10°C. Ceci permet à la femelle de s'absenter longuement du nid pour chasser, sans qu'en souffrent les jeunes. La femelle défend farouchement sa progéniture face à tout intrus.

Dès le deuxième mois, les jeunes sont capables de capturer seuls leurs premières proies. Ils sont sevrés entre la septième et la douzième semaine. Très précoces, les jeunes femelles atteignent leur poids adulte dès l'âge de 6 mois et s'établissent alors tout près du territoire maternel. Les mâles sont quant à eux parfaitement développés au bout d'un an, pour leur deuxième année, et parcourent des distances parfois importantes à la recherche de femelles. Cette différence de maturité s'observe également sur la maturité sexuelle : les mâles sont mâtures au printemps suivant leur naissance (au bout d'un an donc), tandis que les femelles s'accouplent habituellement avant même qu'elles ne soient sevrées, c'est-à-dire à l'âge d'un mois et demi ou deux mois !

La fécondité de l'hermine est bien plus faible que celle de la belette. La capacité de multiplication maximale de la belette est de 30 jeunes par an, tandis qu'elle n'est que de 13 chez l'hermine.

Protection

Liste rouge française – espèce à surveiller
Espèce protégée par l'arrêté ministériel du 29 avril 2008.