Sanglier

Les Albertans labourés par les sangliers Les Albertans labourés par les sangliers
Les Albertans labourés par les sangliers

Biologie

Le sanglier (Sus scrofa), ongulé non ruminant, de la famille des suidés, est un animal nomade qui se déplace beaucoup à la recherche de nourriture.

Le poids du mâle peut atteindre 150 kg (voire beaucoup plus) pour 90 cm au garrot alors que la laie dépasse rarement les 100 kg.

Au niveau des sens, si la vue n’est pas perçante, elle est compensée par une ouïe très fine et un odorat particulièrement développé.

La denture est caractérisée par quatre canines : deux sur la mâchoire inférieure que l’on appelle les “défenses”, et deux sur la mâchoire supérieure, appelées les “grès”. Elles constituent une arme redoutable, car elles sont terriblement coupantes et s’aiguisent en permanence entre elles. Les défenses poussent durant toute la vie du sanglier.

Le sanglier est excellent nageur. Il passe beaucoup de temps à se souiller dans la glaise puis à se frotter au tronc des arbres pour se débarrasser des parasites.

L’activité du sanglier est surtout nocturne.

Alimentation

Son régime alimentaire est du type omnivore : fruits forestiers (glands, faines...), fruits divers (pommes, raisins), racines, tubercules, céréales (maïs en lait puis en grains), de lombrics et de viande (des animaux morts mais aussi de jeunes faons).

Reproduction

marcassins allaités

C’est généralement à la mi-novembre que débute le rut du sanglier. Le mâle, d’ordinaire farouche, s’enhardit et quitte sa bauge en plein jour pour humer les fourrés.

Excité, il dépose sa bave sur les basses branches, frotte ses grès (canines supérieures) contre l’écorce des troncs et fait crisser ses canines entre elles.

Si un autre mâle arrive avant lui près de la laie, le combat est inévitable. Les deux prétendants se testent tout d’abord, hure contre hure et cherchent à s’intimider.

Puis, l’un des deux se cabre et se jette sur l’autre. La lutte s’engage alors, chacun essayant de mordre l’autre à la gorge.

Les blessures sont rares. Le vaincu est celui qui à bout de souffle choisit la fuite.

L’accouplement peut avoir lieu. Il s’effectue dans une immobilité presque totale puis le mâle regagne sa bauge.

Après 4 mois de gestation, la laie met bas. Elle creuse un nid d’un mètre de diamètre, le chaudron, qu’elle arrange d’une litière végétale.

La première portée ne compte pas plus de 3 petits. Les portées moyennes chez les femelles plus âgées dépassent rarement 8 marcassins.

Les petits restent au nid pendant une semaine. Bientôt, la petite famille ira, en file indienne, retrouver d’autres laies suitées accompagnées de leur progéniture pour former des pouponnières.

Les marcassins sont d’une extraordinaire vivacité et sont très voraces. Une laie n’a que 5 paires d’allaites dont deux à faible lactation. Les rejetons se précipitent donc pour avoir la meilleure place.

Dans chaque portée, une mauvaise place peut signifier la mort. En effet, chaque marcassin utilise toujours la même mamelle.

Les petits tètent tout l’été soit 10 semaines environ. Nombreux sont ceux qui meurent à cause des changements climatiques.

Les sangliers atteignent la maturité sexuelle vers 4 ou 5 ans. Un sanglier vit de 15 à 20 ans.

marcassins et laies

La loi de la harde

La structure sociale est principalement matriarcale. Ce sont de 2 à 5 femelles expérimentées qui constituent le noyau de la harde.

Les mâles plus âgés mènent une vie solitaire. La femelle appelée laie impose sa loi et dirige les déplacements du groupe, jeunes mâles compris.

Il existe un moyen de déterminer le statut de chacun dans la harde en fonction de son pelage :

Au cours des 9 premiers mois : les marcassins portent successivement leur livrée rayée, puis un pelage aux reflets rougeâtres. On les nomme bêtes rousses.

Entre 9 et 12 mois : la première mue annuelle donne au sanglier sa couleur de poil. Il devient une « bête noire juvénile ».

A plus d’un an : les sangliers mâles et femelles sont appelés « bêtes de compagnie » car leur instinct grégaire est au plus fort. Ils s’alimentent, se déplacent et se reposent ensemble.

La harde se compose donc essentiellement d’individus de moins de 4 ans, dirigée par une « laie suitée » (femelle déjà mère).

L’individu isolé sera plus fréquemment un mâle. Mais, il est très difficile de les distinguer selon leur sexe. C’est un point important car les chasseurs prennent souvent pour cible l’animal le plus imposant d’une harde, croyant que c’est un mâle, alors qu’ils tuent une laie dont le rôle est essentiel pour l’unité et la sécurité des jeunes.

Besoin d’eau et de tranquillité

Le sanglier a impérativement besoin d’humidité et d’eau. Le lieu où le sanglier prend ses bains s’appelle « la souille ».

La boue joue également un rôle important car en séchant, elle emprisonne les parasites du poil (tiques et poux) dans une croûte de terre.

Le sanglier consomme beaucoup d’aliments secs (graines, fruits durs..) ce qui l’oblige à boire beaucoup.

Quand le sanglier n’est pas dans la souille, c’est qu’il se trouve dans la « bauge ». C’est le lieu où il demeure caché la journée.

C’est un abri qu’il s’aménage dans un endroit discret comme des feuillages denses. Si le sanglier, surtout la femelle, reste plusieurs jours dans la même bauge, il l’aménage en garnissant le sol de feuilles.

Un mâle change, dans 90% des cas, de bauge chaque jour.

En fin d’après-midi, le sanglier se met en quête de nourriture. Il peut parcourir 6 à 8 km selon la saison.

Le domaine d’un sanglier peut s’étendre de 120 à 150 km².

Répartition et effectifs

sanglier

L’aire de répartition possible de l’espèce occupe une grande partie de la France, de l’Espagne, de la Belgique, du Luxembourg, de l’Allemagne et au-delà... Sa présence concerne surtout les forêts feuillues mais on le trouve aussi dans les marais et même en Camargue. Il est en fait présent, ou de passage, dans toutes les forêts de France .

L’espèce voit ses effectifs varier considérablement selon les époques historiques. Ainsi pendant la seconde guerre mondiale, avec l’arrêt de la chasse, l’espèce connut une forte expansion. Le rétablissement de l’autorisation de chasser fut suivi d’un déclin. Puis l’élevage permit des lâchers, et actuellement les effectifs sont élevés. Le sanglier ayant été croisé avec le porc domestique, les hybrides n’ont pas les mœurs farouches du sanglier sauvage et leur nombre élevé entraîne des dégâts et de graves accidents de la circulation.

Objectif : l’équilibre naturel

Sans prédateur, le sanglier ne subit que les risques liés aux intempéries, épizooties et activités humaines. Il n’a pas vraiment besoin de nourrissage artificiel qui le rend prolifique. Tout encouragement à sa prolifération témoigne d’une politique à courte vue, incontestablement préjudiciable au milieu naturel et aux productions agricoles.

La présence du sanglier qui de son groin assure l’introduction de l’humus dans le sol et détruit un certain nombre de larves, est bénéfique à la forêt. Le scientifique Roland M. Libois (Univ. de Liège) rapporte qu’en Pologne, "toute chasse au sanglier est interdite dès que certaines espèces de lépidoptères se répandent. La menace que ces parasites représentent pour les arbres est alors efficacement écartée".

La chasse a généré des pratiques néfastes d’hybridations suivies de lâchers. Quand, de surcroît, les résineux ont supplanté les feuillus, les forêts ne peuvent subvenir aux besoins de l’espèce qui provoque alors des dégâts aux arbres et surtout aux cultures voisines car le sanglier est contraint de quitter son domaine initial.

Le sanglier est un animal utile

sanglier

Si les agriculteurs ont de bonnes raisons de se plaindre des sangliers, il faut souligner que son régime alimentaire est bénéfique pour l’écologie des forêts.

Il aère la terre en extirpant bulbes et racines, et favorise de nouvelles pousses par l’enfouissage de graines et des fruits au hasard de ses repas.

De même, certains conifères sont fortement parasités par des insectes xylophages. C’est le cas des chenilles processionnaires qui peuvent ravager une forêt entière.

On a calculé qu’un seul sanglier peut nettoyer de ses parasites 100 m² de sol par jour.

Enfin, les sangliers régulent les populations de rongeurs.

Chasse au sanglier : le langage des chasseurs

Les chasseurs donnent un nom spécifique aux sangliers en fonction de leur âge.

L’appellation change chaque année pour les mâles à partir de 3 ans :

Ragots, tiers-an, quartaniers puis vieux sangliers et grands vieux sangliers à 7 ans et plus
Les mâles adultes sont également appelés verrats
Les femelles sont des laies ragotes, puis des laies entre 4 et 5 ans pour finir en vieilles laies
Lorsqu’elles ont enfanté, elles deviennent des laies suitées

Manger du sanglier : Attention à la trichine

En Europe, la trichine est une maladie qui n’affecte pas le sanglier mais qui est dangereuse pour l’homme qui le mange.

Causée par un parasite intestinal se développant chez les rongeurs chassés par le sanglier, la trichine se transmet sous forme de milliers de larves enkystées, restant actives très longtemps dans les chairs de l’animal.

La prudence s’impose donc et l’homme devrait y regarder à deux fois avant de manger du sanglier.

Si vous mangez un sanglier fraîchement tué, il est impératif de congeler la viande 3 semaines avant de l'ingérer.

Risques en forêt

sanglier

En présence de l’homme, le sanglier préférera s’enfuir ou rester dissimulé. Cependant, un individu peut devenir dangereux s’il se sent menacé ou acculé. On se méfiera particulièrement d’une femelle accompagnée de sa progéniture ou d’un animal blessé, surpris dans son refuge ou agressé par un chien.

A la vue d’un sanglier adulte ou d’un marcassin, comportez-vous de manière à ne pas l’inquiéter et à lui garantir une possibilité de retraite. Avant tout, gardez votre calme. Evitez de vous approcher de l’animal. Restez immobile et attendez que celui-ci s’éloigne. Si l’animal se dirige vers vous, examinez les possibilités de le contourner à bonne distance ou rebroussez lentement chemin. En tout cas, n’utilisez pas de bâton ou tout autre objet pour le chasser.

Statut légal

Le sanglier appartient à la liste des espèces dont la chasse est autorisée et à la liste nationale des animaux susceptibles d’être classés nuisibles dans chacun des départements français.

Il est chassé à tir, souvent en battue, et à courre et dans ces deux cas, toujours avec des chiens. Lorsque l’animal est classé nuisible, la période de destruction prolonge celle de la chasse.